Maman me compare à une rose. Parce qu'on remarque d'abord ma beauté aussi bien extérieur qu'intérieur avant de se rendre compte que j'ai des piquants. Je suis une jeune femme qui a un assez bon sens de l'humour... Sauf quand c'est à mes dépends, cela va de soit. En même temps, avait vous déjà vu quelqu'un rire de lui même? Ce qui fait que je suis une jeune femme assez sympathique. Je suis amusante et très souriante, légèrement déjantée mais c'est cela qui fait mon charme. J'adore jouer, je suis restée très enfant de ce côté là. J'adore parler, je suis une véritable pipelette et pas pessimiste pour deux sous. Je suis naturelle et très franche, je dis toujours ce que je pense, sans penser aux conséquences. Autre chose: je suis fidèle. Alors si je suis avec un homme, je n'irais jamais voir ailleurs.

Mais voilà, j'ai également des épines et pas des moindres. Déjà, je suis assez violente. Et j'adore les vengeances. Sachez que si jamais vous me cherchez, vous n'êtes jamais sur de savoir dans quel état vous serez après que vous m'ayez trouvé. Je suis également du genre râleuse... Et extrêmement susceptible. Et dans le genre colérique, je crois que j'en tiens une sacrée couche... Alors vaut mieux éviter de me chercher. Car n'oubliez pas, je mords. J'ai un caractère bien trempé et je suis du genre têtue... Vous voyez une mule? Et bien, je suis bien plus têtue qu'elle. Alors, levez vous tôt si vous voulez me faire changer d'avis.

Mais ça c'était avant. Depuis maintenant dix ans, je suis ce que l'on appelle une schizophrène. J'ai un caractère changeant que les médicaments n'arrivent pas à gérer. Je suis violente mais encore plus qu'avant. Je pars souvent dans des délires assez... Délirants, c'est assez drôle, n'est ce pas? Disons que je délire assez souvent sur le meurtre de ma mère, que j'ai vécu il y a huit ans. Que dire d'autre... J'ai des hallucinations assez violente que je prends pour la réalité. C'est la définition même des hallucinations remarquez. Elles sont aussi bien visuelles qu'auditives. Mais je peux être également d'une douceur extrême. Ce qui peut être assez paradoxal dans ce genre de maladie. Mais il faut savoir que les médicaments me calment quand je les prends régulièrement. Il m'arrive de ne pas les prendre tout le temps... J'avoue, c'est pas bien mais que voulez vous? Dix ans que je prends des médicaments tous les jours alors ça peut parfois taper sur le système, si vous voyez ce que je veux dire.

Vous voulez que je vous dise? La vie est une pute de luxe. Elle n'accorde sa bénédiction qu'à ceux qui ont du fric et laisse ceux qui n'en ont pas dans les problèmes. Ma vie aurait pu être totalement différente... Mais voilà, elle est ce qu'elle est et rien ne pourra la changer.

Je suis née il y a vingt six ans, dans la belle ville de Douvres. Dés le début, j'avais tiré le gros numéro: celui de la vie la plus pourrie qui puisse exister. Abandonné à la naissance par une mère qui ne pouvait pas m'élever, j'ai grandit dans un orphelinat jusqu'à l'âge de trois ans. Je fus alors adopté par les Patissier, une famille anglaise qui vivait à Pluckley. J'avais la chance d'avoir un grand frère, venu habiter chez les Patissier lors d'une précédente adoption. Nous étions très proche et j'adorais mon grand frère. Puis, je suis allé à l'école et autant vous dire que j'étais loin d'être la fille la plus populaire de l'école. J'étais même la plus détestée. Les autres filles de ma classe s'amusaient à me voler mon gouter, à me tirer les cheveux ou d'autres choses que j'ai oublié depuis. Mais j'avais un rayon de soleil dans cette classe: il s'appelait James et était un petit garçon timide, lui aussi martyrisé par les garçons de notre classe. Nous sommes vite devenus amis et nous nous sommes promis que rien ne nous sépareraient à l'avenir. Il venait souvent à la maison, passer le week end avec moi et mon frère. J'ai donc grandit ainsi, entre ma famille et James.

Et puis, la crise d'adolescence est arrivée. Une violente crise. J'avais quinze ans et j'étais devenue une ado rebelle, loin de l'image de petite fille que j'avais eu pendant douze ans. A l'école, j'étais une petite diablesse. Je me vengeais des filles qui m'avaient martyrisé avant et je devais dire que cela ne plaisait pas à James. Si bien qu'il s'éloigna de moi, rompant la promesse que nous nous étions faite de ne jamais nous quitter. Si je lui en ais voulu? Je l'ai détester et même haïs. Ce que je continue de faire. Mais cette explication est pour plus tard. A seize ans, j'ai été envoyé chez le médecin de famille qui me donna des médicaments pour me calmer. Si seulement je savais ce qu'il avait réellement prévu de faire... J'aurais refusé de prendre les médicaments. Le drame eut lieu deux ans après. Ma santé mentale avait décliné entre seize ans et dix huit ans. Mon médecin de famille m'avait diagnostiqué schizophrène et continuait donc à me donner mon traitement. Ce que mes parents ignoraient, c'était que c'était les médicaments donnés par notre médecin qui me rendaient ainsi. Pourquoi? Mon médecin avait eu une aventure avec ma mère et cette dernière avait fini par rompre. Il avait donc décidé de se débarrasser de ma mère et quoi de mieux que de faire passer un crime passionnel pour un crime de malade mental? Une nuit, le médecin entra chez nous, profitant que mon père et mon frère soit au cinéma. Ma mère avait voulu rester avec moi car la pseudo schizophrénie me rendait violente envers moi même. Bref, cette nuit là, il égorgea ma mère avec un de mes t-shirt. Pendant que je dormais, le médecin me redonna mon t-shirt, effaça les empruntes sur l'arme et me la mit dans ma main. Tous les indices que la police pourrait récolter me désigneraient comme la coupable. Quand mon père et mon frère revinrent, ils trouvèrent ma mère morte et moi sagement endormi. La police arriva et je fus conduite à l'hôpital pour une expertise psychiatrique. De toute façon, tout le monde en ville savait que j'étais schizophrène. Jugé non responsable du meurtre de ma mère, je fus internée à l'hôpital psychiatrique de la ville.

Depuis maintenant huit ans, je suis internée. Je n'ai plus remis le nez dehors et ma vie se résume aux journées que je passe à l'hôpital et aux quelques visites que je reçois. Oh, non, mon père et mon frère ne viennent jamais me voir. Mon père pense que je suis réellement coupable du meurtre de ma mère même si j'ai hurlé mon innocence. Et mon frère, il ne vient pas me voir pour éviter que mon père ne soit au courant. En gros, ma vie est très monotone. Les autres malades se méfient de moi car j'ai facilement tendance à être violente envers eux. Plus d'une fois, j'ai été mise à l'isolement. Autant vous dire que les médecins ne sont pas des plus gentils avec moi. Notamment mon psychiatre. Il avait souvent la main lourde quand je refusais de prendre mes médicaments et il a même essayé d'abuser de moi quand j'étais à l'isolement. Il n'y est jamais arrivé car je savais me défendre. Heureusement, mon psychiatre a finalement changé de service et a même quitté la ville. J'ignore encore qui le remplacera et je suis loin de me douter que je vais retrouver James...